Avec 25% des émissions de CO2 et 44% de l’énergie consommées, le bâtiment effectivement tient une place prépondérante dans l’atteinte des objectifs de la France suite à la COP21.
La norme E+C- est cependant encore en phase expérimentale. Elle est ainsi née de la loi de transition énergétique pour la croissance verte.
Elle répond d’ailleurs à l’Accord de Paris qui engage la France vers une réduction drastique de la production de gaz à effet de serre et de la consommation d’énergie.
Caractéristiques de la norme E+C-
Visant à définir la norme avec les acteurs du bâtiment, le ministère de la transition écologique et solidaire a créé le site internet dédié batiment-energiecarbone.fr pour informer et recueillir en fait les différentes expérimentations menées.
E+ ?
Contrairement à la norme réglementaire RT2012 qui ne prend en compte que les consommations de cinq usages réglementaires, l’expérimentation évalue la totalité des consommations d’énergie.
C- ?
Le nouveau champ ouvert par l’expérimentation concerne l’évaluation de la réduction des gaz à effet de serre du bâtiment, et grande nouveauté, la totalité du cycle de vie est désormais prise en compte.
La norme vise à cet égard les bâtiments neufs dont les niveaux de performance sont définis par un niveau Énergie basé sur
le bilan BEPOS (bâtiment à énergie positive),
un niveau Carbone basé sur Eges – indicateur des émissions de Gaz à Effet de Serre sur l’ensemble du cycle de vie
et l’EgesPCE- indicateur des émissions de Gaz à Effet de Serre de produits de construction et des équipements utilisés.
4 niveaux énergie, de E1 à E4, et 2 niveaux carbone, de C1 à C2, permettent de nuancer les résultats obtenus.
Figure 1 : les niveaux de performance énergétique et carbone
L’observatoire E+C-
Pour participer à l’observatoire E+C- lancé par le Ministère de la transition écologique, il faut présenter, en premier lieu, un projet, réalisé ou non, qui respecte la RT2012. Les données sont, en effet, en libre accès sur le site internet dédié.
L’analyse des résultats partiels, au 31/7/18, donne en fait des résultats forts intéressants. L’état des compétences des entreprises de construction françaises, leurs modes constructifs et leurs performances sont mises à nu.
Répartition des résultats observés
ENERGIE (E+)/ CARBONE (C-) | 0 | 1 | 2 | Total |
0 | 5% | 9% | 0% | 14% |
1 | 4% | 9% | 0% | 14% |
2 | 7% | 43% | 4% | 54% |
3 | 3% | 10% | 5% | 18% |
4 | 0% | 0% | 0% | 1% |
Total | 19% | 71% | 10% | 100% |
Les résultats de cet observatoire, auquel la participation est volontaire, sont dans l’ensemble surprenants.
D’abord, le niveau 0 énergétique est obtenu dans 14% des projets, la performance atteint tout juste le niveau minimum de la réglementation en cours (RT2012).
D’autre part, le niveau carbone donne un coefficient 0 pour 19% des bâtiments présentés. Depuis 2015, il reste donc presque 20 pour-cent de projets qui n’ont fait aucun effort pour améliorer leur bilan carbone.
A l’inverse, on perçoit ici la stratégie des constructeurs, pour obtenir le bonus de constructibilité, qui recherchent l’efficacité énergétique (18% – 48 bâtiments) ou carbone (10 pour-cent – 25 bâtiments) mais n’arrivent pas à atteindre les deux niveaux simultanément.
Le bonus de constructibilité de 30 pour-cent de surface est possible si un bâtiment atteint le niveau 3 ou 4 énergétique ou bien le niveau 2 carbone ou encore est à énergie positive (sous réserve que le PLU le permette).
Seulement 5% des résultats (14 projets) sont en définitive probants, c’est à dire au moins E3-C2.
La maîtrise d’œuvre est encore loin de proposer aux maîtres d’ouvrage des bâtiments labellisés E+C- et gagner des bonus de constructibilité.
Le « champion » de la performance de cet observatoire est le seul à atteindre E4C2. En résumé, de 626 m2 de plancher, il est préfabriqué en ossature bois, isolé en paille, sur terre-plein avec une dalle pleine, une toiture terrasse, un chauffage électrique, une production ECS électrique, et des panneaux photovoltaïques pour la production d’énergie.
Un chiffre est en revanche remarquable : 94% des projets poteaux/poutre utilisant du bois (béton de bois, bois massif, bois reconstitué ou mixte béton bois) ont un résultat très bon (au moins E3C1), 75% des projets à ossature bois ont au moins la note E3C1, contre 6% des projets en maçonnerie.
L’industrialisation ne représente que 39 opérations, soit 15% des projets.
85% des projets de bâtiment cherchant à obtenir le label E+C- sont somme toute intégralement fabriqués sur place, sans faire appel à l’industrie pour pré-fabriquer une partie du bâtiment. L’industrialisation de la construction n’est pas encore dans les mœurs des entreprises de la construction en France.
La grande majorité des projets concerne des logements, majoritairement individuels, très peu des équipements et finalement 5% du nombre de construction concernent des bureaux.
La préfabrication concerne 20 pour-cent du total étudié et le bois est présent dans 10 pour-cent des projets.
Les planchers sont en béton ou dérivés dans 9 constructions sur 10.
Le chauffage électrique reste dans ces conditions la principale source d’énergie pour le chauffage (56%), le gaz (35%) et bois granulés (6%) complète la quasi intégralité.
L’ossature bois n’est retenue que dans 1 projet sur 11.
Enfin, les bâtiments préfabriqués sont plus souvent réalisés en faisant appel au BIM (38% des projets préfabriqués). Globalement, le BIM représente seulement 1 projet sur 4.
SJ